Plus tard, le dimanche est devenu l’ennui. Non pas qu’on allait fleurir la tombe de la tante Jeanne. A la limite, ça aurait pu nous faire prendre l’air. Non. On restait là, à se reposer. Comme la tante Jeanne, somme toute. Alors, très vite, quand j’ai pu faire ce que je voulais, je me suis acharné à occuper mes dimanches. Mais c’est très difficile. En France, tout le monde déjeune, le dimanche. Chacun sa tante Jeanne !
Voyant qu’il n’y avait rien à espérer auprès de mes amis, j’ai résolu de me lancer dans ce qu’on appelle des activités. Le cinéma, les musées… Mais finalement, passer son dimanche à aller voir Catherine Deneuve ou la Joconde, ça revenait un peu au même que la tante Jeanne. En couleurs.
Non. Il fallait quelque chose de plus excitant. C’est en rencontrant Paulo que tout a changé. Paulo, il faut dire, ses parents ne devaient pas être très catholiques non plus, car sa spécialité, c’était les cambriolages. Eh oui ! Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt : rien de plus facile que de visiter les pavillons le dimanche, quand ils sont tous à déjeuner chez leur tante ! Et je dois dire que pendant un temps, le dimanche, c’est vraiment devenu un jour du feu de Dieu.
Le problème, c’est qu’il y a quand même certains flics qui n’ont pas beaucoup d’affection pour leur tante. Et ceux-là, ils bossent le dimanche. C’en est un comme ça qui nous a coffré. Et maintenant, on est tous les deux en taule.
Le plus marrant, ou le plus triste, comme vous voulez, c’est qu’un gardien m’a dit, le jour où je suis entré :
» T’en fais pas, tu verras, ici, c’est tous les jours dimanche ! »
Grégoire Maréchal